Actualités > Soutenance de thèse de Andy Combey (15 mars, en ligne)

Vous êtes chaleureusement conviés à la soutenance de thèse d’Andy Combey, doctorant du laboratoire ISTerre / UGA co-encadré par l’Unité de recherche AE&CC, qui se déroulera le mardi 15 Mars à 14h dans l’amphithéâtre de l’INRAE (2 Rue de la Papeterie, 38402 Saint-Martin-d’Hères).

La soutenance sera également diffusée en direct via le lien ci-dessous :
https://univ-grenoble-alpes-fr.zoom.us/j/98056625753?pwd=cGhvdm5zc2RpOVJnWEMwbDdWVVBHUT09
ID de réunion : 980 5662 5753
Code secret : 830342


Directeur et co-directeur

Mrs. Laurence AUDIN, Directrice de recherche, IRD (Directrice de thèse)
Mr. David GANDREAU, Docteur en sciences, ENSAG (Co-encadrant de thèse)

Membres du jury

M. Chris GERRARD, Professeur, Durham University (Rapporteur)
Mr. Gerardo SUÁREZ, Directeur de recherche, Universidad Nacional Autónoma de México (Rapporteur)
Mr. Daniel H. SANDWEISS, Professeur, University of Maine (Examinateur)
Mr. Rohit JIGYASU, Chef de projet, ICCROM (Examinateur)
Mr. Thierry CAMELBEECK, Docteur en sciences, Observatoire Royal de Belgique (Examinateur) Mrs. Julia DE SIGOYER, Professeure des universités, UGA (Examinatrice – Présidente)

Approche archéosismologique dans le berceau des Incas (Cusco, Pérou). Potentialités et limites pour l’évaluation de l’aléa sismique actuel et la perception passée du risque tellurique

Face à l’exposition croissante de nos sociétés aux tremblements de terre, une évaluation précise de l’aléa sismique s’avère être une impérieuse nécessité. Identifier les marqueurs de la sismicité dans le registre archéologique est désormais reconnu comme une approche pertinente afin de combler le fossé entre la paléosismologie et la sismicité historique/instrumentale. Pourtant, cette discipline demeure cantonnée au bassin méditerranéen.

A la différence de la frange Pacifique soumise aux fréquents et bien circonscrits séismes de subduction, la région de Cusco au Pérou est principalement affectée par une sismicité crustale modérée mais diffuse. Cette dernière représente un danger latent et un aléa très largement sous-estimé. La région est également le berceau de la culture inca et de son architecture en pierre monumentale, prétendument parasismique. Ce patrimoine offre donc une opportunité unique d’élargir le catalogue sismique, mieux comprendre la dynamique des failles régionales et améliorer notre compréhension de la perception/gestion des tremblements de terre à l’époque inca. Dans le cadre de ce travail de thèse original nous présentons les résultats de la première étude archéosismologique de grande ampleur en Amérique du Sud. Cette démarche
transdisciplinaire inclue une prospection sur 17 sites incas, la conception/réalisation d’un système de collecte et de gestion des données de terrain et la réinterprétation d’un récit légendaire de la tradition orale précolombienne. En outre, nous avons élaboré une méthodologie permettant l’analyse vibratoire de structures massives en pierre, sur un cas d’étude en France lors de la crise sismique du Teil (2019) et avant son application à Cusco.

Avec plus de 3000 dommages sismiques identifiés, les résultats obtenus démontrent, en premier lieu, la capacité des édifices incas à enregistrer des séismes. Les données historiques suggèrent d’ailleurs un seuil de sensibilité proche de VIII en terme d’intensité sismique de ce type de construction. La grande majorité des déformations enregistrées dans le bâti en élévation témoigne donc de l’occurrence d’un, ou plusieurs, séismes plus violents que ceux recensés depuis 1650. L’interprétation combinée des données de terrain et des données ethnohistoriques supporte l’existence, d’au moins un séisme majeur (Mw6.5) durant la phase impériale inca (1400-1533 CE), associé à la rupture en surface du segment de faille Tambomachay-Pachatusan bordant le nord du bassin de Cusco. Enfin, notre travail souligne l’intérêt des méthodes de vibrations ambiantes pour caractériser le comportement dynamique des structures archéologiques et interroger la conception parasismique de l’architecture inca.

Compte tenu des résultats obtenus, ce manuscrit pose les bases d’une analyse renouvelée des interactions entre populations précolombiennes et sismicité, et plaide pour un développement accru de l’archéosismologie et de la paléosismologie dans les Hautes Terres andines, et à plus grande échelle en Amérique du Sud où cette approche n’a pas encore été mise en œuvre.