patrimoine bases habitat
Le programme Africa 2009 vise à améliorer l'état actuel de la conservation du patrimoine culturel immobilier en Afrique sub-saharienne grâce au développement d'une stratégie de formation qui accroîtra la connaissance et la conscience du patrimoine et créera des compétences pour sa sauvegarde.

Cadre général
Le patrimoine culturel immobilier d'Afrique subsaharienne est aussi spectaculaire que varié. Quiconque connaît les mosquées de Tombouctou, les ruines du Grand Zimbabwe, les villes Swahili de Zanzibar, Bagamayo, Mombasa et Lamu ou l'île de Gorée, peut attester de sa créativité et de son importance au sein du patrimoine mondial. Mais cet important patrimoine doit faire face à de nombreuses menaces liées notamment à la dégradation de l'environnement, au développement et à la modernisation ainsi qu'au manque de personnel compétent pour planifier et gérer son utilisation, sa restauration et son entretien régulier.
En 1996, trois organisations - le Centre du Patrimoine Mondial de l'UNESCO, l'ICCROM et CRATerre-EAG - décident d'élaborer une stratégie globale pour former la grande variété de personnes impliquée dans l'utilisation et l'entretien de ce patrimoine. La première étape a consisté à évaluer les besoins à partir d'une enquête sur l'état du patrimoine et les pratiques de conservation dans la région. Par la suite, les résultats de cette enquête ont été enrichis et précisés grâce à des discussions avec un certain nombre de professionnels africains. De cette concertation est né AFRICA 2009, un programme commun de trois organisations internationales et d'une variété d'institutions africaines, proposant une approche intégrée à la conservation du patrimoine immobilier.
Le programme part du principe que, même si les problèmes de conservation en Afrique sont d'ordre technique, il est essentiel d'intégrer la conservation dans un environnement large et de prendre en compte les processus de développement, économiques, sociaux et culturels. C'est particulièrement vrai pour ce qui concerne le patrimoine culturel immobilier de grandes dimensions comme les cités, les villes et les paysages culturels, mais cela l'est également pour les monuments et leur relation avec les communautés et leur environnement.

Problèmes à résoudre par AFRICA 2009

L'enquête et les discussions menées pendant la phase d'élaboration du programme ont fait ressortir 10 problèmes critiques pour la conservation du patrimoine culturel immobilier en Afrique sub-saharienne :
- les politiques de conservation, quand elles existent, ne sont pas bien intégrées au sein d'un processus de développement durable ;
- la législation visant à protéger le patrimoine culturel immobilier est souvent obsolète et inefficace ;
- les politiciens, les décideurs et les communautés locales ne sont pas conscients du rôle que la conservation devrait jouer dans le changement rapide des situations économiques, sociales et de l'environnement ;
- les communautés locales et en particulier les jeunes ne sont pas impliqués dans le processus de la conservation ;
- les inventaires nationaux du patrimoine culturel immobilier sont incomplets ou inexistants ;
- le patrimoine culturel immobilier continue à subir un processus de dégradation dû au manque de planification et de gestion de la conservation ;
- il y a un manque de stratégies efficaces pour développer un tourisme durable, profitable tant aux communautés locales qu'au patrimoine ;
- il n'y a pas suffisamment de professionnels (architectes, archéologues, urbanistes) ni d'artisans qualifiés capables d'accomplir des réparations et d'assurer l'entretien avec les méthodes et matériaux traditionnels ;
- les échanges d'informations, de compétences spécialisées et de savoir-faire entre les professionnels de la région sont extrêmement réduits ;
- Les ressources (financières et autres) sont insuffisantes pour maintenir un niveau de conservation acceptable.

But du programme
Le but du programme AFRICA 2009 est, à long terme, d'améliorer les conditions pour la conservation du patrimoine culturel immobilier en Afrique sub-saharienne, grâce à sa meilleure intégration au sein d'un processus de développement durable. Le "patrimoine culturel immobilier " comprend : monuments, bâtiments, groupes de bâtiments, sites archéologiques, sites d'art rupestre, installations humaines, villes et paysages culturels. Le "développement durable " est considéré comme un processus de développement qui prend en compte les besoins de l'environnement, les besoins sociaux, culturels et économiques d'une zone et de sa communauté.

Objectifs de développement

Trois objectifs de développement ont été formulés pour atteindre le but du programme à long terme.

Objectif 1 : Créer un cadre juridique, politique, administratif et social au sein duquel des pratiques de conservation peuvent être accomplies avec succès. Il s'agit là de travailler avec des professionnels africains pour mieux positionner et rendre plus cohérente la conservation au sein d'un processus global de développement, adapté au contexte culturel africain. Cet objectif sera atteint d'une part, grâce à la recherche, la discussion et la diffusion d'informations sur des sujets relatifs à la conservation et au développement, et d'autre part en sensibilisant les décideurs et les populations locales à leurs relations. En outre, le programme travaillera avec les fonctionnaires compétents, locaux et nationaux, pour actualiser les cadres législatifs, politiques et administratifs dans lesquels se placent conservation et développement.
Les indicateurs du succès de cet objectif comprennent :
- le nombre de pays ayant actualisé ou travaillant à l'actualisation de leur cadre juridique pour la conservation du patrimoine culturel immobilier ;
- le nombre de pays ayant créé ou créant un système de coordination, de coopération et/ou d'intégration entre les domaines de la conservation, de la planification et du développement, et d'autres domaines pertinents ;
- le nombre de pays ayant travaillé ou travaillant à un inventaire complet et détaillé de leur patrimoine culturel immobilier ;
- le nombre de décideurs engagés dans différents aspects du programme AFRICA 2009 ;
- le nombre de programmes élaborés par les participants de AFRICA 2009 pour la sensibilisation et la participation de la communauté ;
- le nombre de sites du patrimoine immobilier dans chaque catégorie pour lesquels des travaux de conservation ont été accomplis grâce à AFRICA 2009 et le pourcentage de sites pour lesquels cette approche durable par la planification, la gestion, la conservation et l'entretien est maintenue.

Objectif 2 : Accroître les compétences des diverses personnes impliquées dans la conservation du patrimoine culturel immobilier. Ceci concerne les décideurs et les gestionnaires des ressources du patrimoine, les professionnels tels que les architectes, les urbanistes et les archéologues, ainsi que les artisans et techniciens du bâtiment qui travaillent sur les sites du patrimoine culturel immobilier. Cet objectif sera atteint grâce à diverses activités de formation, comprenant des cours, séminaires et formations pratiques, réalisés aux niveaux régional, national ou sur des sites sélectionnés.
Les indicateurs du succès de cet objectif comprennent :
- le nombre de participants (par catégorie professionnelle) ayant participé avec succès à une activité d'AFRICA 2009 ;
- le pourcentage de participants aux activités d'AFRICA 2009 continuant à travailler dans ce domaine après la formation ;
- le nombre d'institutions et de pays de la région représentés par des participants ayant bénéficié des activités de formation proposées par AFRICA 2009 ;
- le nombre de postes nouveaux, directement liés à la conservation du patrimoine culturel immobilier ;
- l'existence en Afrique subsaharienne de formations ouvertes aux professionnels et assurées principalement par des formateurs africains ;
- la quantité de matériel didactique créé sur la conservation du patrimoine culturel immobilier.

Objectif 3 : Créer un réseau de communication qui permettra l'échange d'information, de compétences et de savoir-faire entre les professionnels africains et entre ces professionnels et le reste du monde. Le réseau créé par le programme AFRICA 2009 permettra de réduire l'isolement ressenti par les professionnels travaillant dans la région, et assurera une diffusion rapide des informations. De cette façon, le réseau permettra de promouvoir la coopération et permettra d'éviter la duplication inutile des efforts.
Les indicateurs du succès de cet objectif comprennent :
- le nombre de professionnels dans le monde entier faisant partie du réseau informatisé d'AFRICA 2009 ;
- le nombre de participants aux activités d'AFRICA 2009 qui continuent à avoir un contact avec le programme ;
- le nombre d'articles rédigés dans des publications par les participants ayant suivi les activités d'AFRICA 2009 ;
- la fréquence des bulletins produits par le réseau d'AFRICA 2009 ;
- le nombre de visites sur le site web d'AFRICA 2009.

Public concerné
Les personnes à qui s'adresse AFRICA 2009 comprennent :
- les hommes politiques et les décideurs responsables de la conservation du patrimoine culturel immobilier ;
- les professionnels, y compris les artisans, engagés dans la planification, la gestion, la conservation et l'entretien du patrimoine culturel immobilier ;
- les communautés, y compris les femmes et les jeunes, qui vivent dans ou près des sites du patrimoine culturel.

Structure du programme
La structure d'AFRICA 2009 est conçue de manière à profiter de l'interaction d'activités développées à deux niveaux. Au niveau régional, le projet cadre a été élaboré en tant que cadre global pour le programme. Ce cadre offre diverses actions régionales pour le développement des politiques, la formation, le rassemblement et l'échange d'information. Il définit aussi les orientations des projets situés qui seront réalisés dans le but de développer les capacités locales en s'appuyant sur le travail et la planification de la conservation sur des sites spécifiques. Toutes les activités tant au niveau régional que local, seront réalisées en coordination avec les organisations et institutions régionales concernées.

Projet cadre
Le projet cadre comporte plusieurs composantes. Un cours de formation, tenu annuellement et alternativement en anglais et en français, visera un public de décideurs et de professionnels. Les deux premiers cours, prévus en 1999 et l'an 2000, s'adresseront aux directeurs des services responsables de la conservation du patrimoine culturel immobilier, au sein des ministères de la culture. Ces deux cours seront utilisés pour sensibiliser les fonctionnaires aux problèmes de la conservation et de ses rapports avec un développement durable. Ces cours de trois mois couvriront une grande variété de thèmes relatifs à la conservation et au développement. Après l'an 2000, les cours s'adresseront aux professionnels responsables de la conservation de différents types de patrimoine culturel immobilier.
Une série de projets de recherche sera mise en œuvre afin de rassembler et d'analyser les nouvelles informations et afin de développer de nouvelles réflexions sur des sujets importants. Ces études entendent non seulement décrire des situations présentes, mais suggérer également des moyens de résoudre les problèmes existants.
Des séminaires régionaux se tiendront annuellement dans différents lieux. Ils serviront de forum pour discuter des intérêts et des problèmes communs et permettront de diffuser les informations utiles sur des sujets choisis. Des institutions partenaires dans la région seront identifiées pour la coordination de ces réunions.
Un réseau de communication sera développé pour garantir un rapide échange d'information entre les institutions engagées dans le programme. Au début, la communication se fera grâce à un bulletin comportant des articles sur les projets situés et les activités régionales. Une page sur le réseau Web et un forum électronique seront également créés afin de garantir une large diffusion des informations sur la conservation du patrimoine culturel immobilier en Afrique sub-saharienne. Des efforts seront également entrepris pour s'assurer que les institutions concernées dans la région disposent de l'équipement et des connexions nécessaires pour profiter du courrier électronique et d'Internet. La publication des résultats de la recherche, aussi bien sur le réseau Web que sous la forme d'un livre, sera aussi envisagée comme un moyen de diffuser les informations.

Projets situés
Le but des projets situés est d'améliorer les conditions de conservation de sites spécifiques dans la région (monuments, bâtiments, sites archéologiques, zones urbaines, etc.) et de nourrir le projet cadre avec de l'information remontant directement du terrain d'application. La planification de la conservation au sein des projets situés permettra de développer des capacités locales et renforcer la sensibilisation aux problèmes de conservation. Ils sont conçus pour rationaliser les méthodes de travail, adapter ces méthodes aux réalités du terrain, et répondre au besoin d'une intervention rapide sur certains sites. Leur méthodologie consiste à stabiliser l'état existant, à approfondir la connaissance des conditions et des besoins actuels et à élaborer et mettre en œuvre un programme de conservation et d'entretien, tout en assurant la formation des professionnels locaux, des techniciens du bâtiment, et des responsables de l'entretien des sites. Le contenu exact des projets situés variera en fonction du type de patrimoine et des besoins particuliers du site. A titre préliminaire, des projets situés ont déjà été réalisés sur des sites du Mali, Bénin, Ghana, Ouganda, Zimbabwe, Ethiopie et Gambie.

Coordination du programme
Un comité de coordination a été créé au sein du projet cadre. Il est constitué de quatre professionnels africains et des représentants de chacune des trois organisations internationales. Le rôle du comité de coordination sera de surveiller l'avancement du programme, d'analyser les propositions pour de futurs projets situés, d'évaluer la mise en œuvre du projet cadre et des projets situés et d'identifier les thèmes et les ressources humaines pour les séminaires, les cours et la recherche. Le comité de coordination se réunira une fois par an en Afrique et gardera un contact régulier par l'intermédiaire du courrier électronique et des formes de communication plus traditionnelles. Le secrétariat du programme est assuré par l'ICCROM, à Rome, Italie.

Evaluation du programme et orientation future
La période initiale de la mise en œuvre, jusqu'à la fin de l'an 2000, est considérée comme une phase pilote. A cette date, se tiendra un séminaire d'évaluation qui déterminera les directions futures. Comme son nom l'indique, le programme AFRICA 2009 est établi pour prolonger l'opération jusqu'en 2009. Il appartiendra au comité de coordination et au séminaire d'évaluation de déterminer l'efficacité des activités, d'évaluer les besoins futurs et de planifier d'autres types d'actions qui permettront d'atteindre les buts et les objectifs du programme.

Contributions au programme
Le soutien apporté aussi bien sur le continent africain qu'au niveau international, est capital pour que le programme AFRICA 2009 atteigne ses objectifs. Une seule organisation ou un seul pays ne peuvent pas réunir les conditions nécessaires à son succès.

Un indispensable soutien international
Un programme comme AFRICA 2009 qui vise à développer sérieusement les ressources humaines grâce à la formation, doit avoir une durée d'au moins 10 ans. Cet investissement de temps à long terme requiert un soutien financier important. Certains bailleurs de fonds hésitent à faire un tel investissement car les résultats d'un programme de formation ne sont pas immédiatement évidents. Afin d'affronter les coûts élevés du projet (approximativement 400 000 $ US par an, pour la phase pilote) et afin de garantir sa continuité, AFRICA 2009 ne peut compter sur un seul bailleur de fonds mais bien sur plusieurs. Le succès de la mise en œuvre d'un tel programme dépend de bailleurs de fonds qui comprennent l'urgence du problème et acceptent un engagement à moyen terme. L'accent doit être mis aussi sur le fait que des contributions autres que financières sont nécessaires. Beaucoup de concepts sur la conservation et sur le développement durable sont encore à une étape prématurée d'élaboration à travers le monde. Bien qu'il soit crucial de s'assurer que le programme se développe dans un contexte africain et réponde aux besoins et aux conditions spécifiques en Afrique, il est également important que les organisations qui s'occupent déjà de ces sujets complexes à travers le monde, puissent partager leurs expériences avec le personnel et les participants d'AFRICA 2009.

Un indispensable soutien du continent africain
Afin de développer le programme en Afrique, il est nécessaire d'avoir un soutien politique, administratif, logistique, technique et moral. Du fait que les conditions de travail peuvent changer rapidement, une grande flexibilité sera adoptée pour la planification et la localisation des activités. AFRICA 2009, des changements rapides des conditions en Afrique, AFRICA 2009 doit rester flexible pour la planification de ses opérations et pour la sélection des pays où se dérouleront les activités. Etant donné qu'un des objectifs d'AFRICA 2009 est de promouvoir des réseaux de communication, il sera très important de s'assurer que des efforts de collaboration seront entrepris entre les différents partenaires engagés. Cette collaboration doit être soutenue par des institutions africaines et par des professionnels de la conservation qui acceptent de prendre des responsabilités en dehors de leurs frontières nationales et en plus de leur travail quotidien.

Membres du Comité de Coordination (en septembre 1998) George Abungu (Président) - National Museums of Kenya
Ali Ould Sidi - Mission Culturelle de Tombouctou, Mali
I. N. Debrah - Ghana Museums and Monuments Board
Irie Bi Balo - Ministère de la Culture de Côte d'Ivoire
Thierry Joffroy - CRATerre-EAG
Joseph King - ICCROM
Galia Saouma-Forero - Centre du Patrimoine Mondial de l'UNESCO
 
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Informations complémentaires

> Télécharger l'exposition Africa 2009 (English, pdf, 9,7 Mo)


web : http://www.africa2009.net

AFRICA 2009
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